J'ai 18ans.

Au commencement j'ai voulu m'adapter. Et puis j'ai commencé à me poser des questions, j'ai été curieuse. J'ai rencontré des gens usés, des gens vivants, des gens bornés, mais des gens qui avaient une histoire à raconter. Alors moi aussi, j'ai voulu devenir quelqu'un. Et au lieu de m'adapter, j'ai chercher à rendre l'humanité un peu moins stupide. Chaque personne un peu curieuse, j'ai voulu lui apporter quelque chose. Je m'y suis mal prise. J'ai pris en orgueil. Je voyais l'humanité comme un tas de fumier. J'en savais trop peu pour prétendre vouloir donner. Puis j'ai appris l'égoïsme et la solitude. J'ai appris à me foutre de tout. Ils étaient trop stupides pour moi. Tant pis. Autant les laissés dans leur médiocrité. Après l'anniversaire de mes 18ans, j'ai vaguement pensé que le bonheur se trouvait dans la fête, les drogues et l'alcool. C'est vite passé.
C'est là que j'en arrive maintenant à essayer de comprendre d'où nous venons, ce que nous faisons. Comprendre l'être humain et avoir foi en lui de nouveau, sans pour autant donner du crédit aux imbéciles. Les conflits, les potins, la télévision ne m'intéressent plus. Les envies de voyages s'intensifient. Je voudrais apprendre à être sage, ne plus porter de jugement, comprendre la terre et toutes ces connexions.
Et puis j'ai toujours aussi peur d'être seule, mais pour autant j'ai fini par remettre de l'ordre dans mes amours. Je crois qu'on ne peut pas être amoureux constamment. On n'aime jamais quelqu'un tout le temps comme vous le font croire les romans et les contes. C'est comme si j'étais dans ce film, le Prestige. L'un des protagoniste à un jumeau qui joue sa vie. C'est à dire qu'ils partagent à tour de rôle une même existence tout en étant deux hommes différents. Voilà donc mon résonnement. Imaginons qu'il y ait deux moi. Alors l'une t'aimerais et l'autre non. Parfois je te perds, la vie est banale, je m'ennuie de toi, de tout et puis il suffit que tu prononces quelques mots et je me surprends à t'aimer comme si j'avais passé une vie entière à tes côtés. C'est étrange comme je peux être l'une et l'autre à la fois. C'est étrange comme Spleen te sous estime parfois. Et c'est incroyable comme tu me prouves à chaque combien elle a tort, et combien tu peux être surprenant. Parfois je pense à tort que tu seras incapable de combler cette autre partie de moi, et à chaque doute tu me prouves instantanément le contraire. Ça vient de ce petit côté trop égocentrique. Je me suis toujours sentie au dessus de tout le monde. Et même quand j'étais au plus bas j'ai jamais douté de ma supériorité. C'est insupportable. Je devrais apprendre à être humble aussi. Ça ne ferais de mal ni à moi, ni à personne.
Quand j'étais petite, je me suis dit que si je ratais ma vie, j'écrirais un livre. Pour moi, raté sa vie, c'est raté son œuvre. On a tous notre petite emprunte à laisser au monde. Et je me disais que si j'avais réussi mon objectif, je n'aurais pas à écrire ma biographie. Quelqu'un le ferais pour moi. Je sais plus à cause de quel film je me suis mise à penser comme ça, ahah. Quoi qu'il en soit, il y a une chose qui n'a pas changer. J'ai toujours envie de faire quelque chose de grand, qui reste dans les mémoires et j'ai toujours cette sainte horreur de la célébrité. Ce qui est loin d'être contradictoire.